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Ce n’est pas faute d’avoir cherché. Marine Lefebvre ne compte plus les appels téléphoniques passés pour trouver où ses deux garçons, de 7 et 9 ans, pourraient apprendre à nager. « Ils sont fascinés par Léon Marchand [le nageur qui a remporté quatre médailles d’or aux Jeux olympiques de Paris 2024] et nous ont demandé de les inscrire à la rentrée dans un club. » Mais cette Lilloise a « découvert » que la ville manque de piscines : « On m’a dit que, déjà en temps normal, il y avait des listes d’attente pour les débutants. Mais là, avec l’“effet Léon Marchand”, c’est pire. »
Elle est allée jusqu’à solliciter la piscine de Wasquehal, à 10 km de Lille, « alors que pour circuler aux heures de pointe, c’est galère ». On lui a conseillé d’inscrire ses enfants via le site internet « sur lequel il est précisé que c’est… en liste d’attente ! », décrit-elle. Quand on appelle, on tombe effectivement sur une employée, qui essaie de faire au mieux alors que, selon cette dernière, « le téléphone n’arrête pas de sonner pour ça ».
A la piscine Plein Sud de Lille, « il y a à peu près deux ans d’attente ». A celle des Trois Villes à Hem, près de Roubaix (Nord), « pour les enfants, c’est complet et depuis longtemps ». Une chance dans les piscines des environs ? Elles sont toutes complètes, d’autant que le centre nautique Thalassa, l’un des deux équipements roubaisiens, a fermé en septembre 2023 après la découverte de fissures dans la charpente. Sa réouverture n’est pas prévue avant septembre 2025.
« A quoi ça sert de dire qu’il faut que les enfants sachent nager si on se casse les dents faute de place ? », s’agace Ophélie Dubuisson, une autre Lilloise, qui a jeté l’éponge. « J’ai inscrit ma fille à la gymnastique, mon fils au judo parce que je veux qu’ils fassent du sport. Mais, eux, ils voulaient la piscine. Les Jeux olympiques sont passés par là », raconte-t-elle.
A l’heure où le sport a été institué grande cause nationale, où le premier ministre, Michel Barnier, déclare qu’il faut « travailler pour que toute notre jeunesse ait accès au sport » et où son ministre des sports, Gil Avérous, assure vouloir « un sport décentralisé, pour tous et accessible à tous », cette situation est pour le moins singulière – sans être circonscrite à Lille et à la seule question des piscines.
« Quand on fait de l’apprentissage de la natation une priorité gouvernementale, et qu’on ne donne pas les moyens de financer des équipements, il ne faut pas s’étonner de la situation », relève Benjamin Mercier, président délégué de la ligue régionale Hauts-de-France et président du comité départemental Nord de natation. Pour ce qui concerne Lille, « nous sommes la métropole de cette taille la plus pauvre de France en nombre de bassins rapporté au nombre d’habitants », ajoute-t-il.
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